Prévention de l’athérosclérose

Qu’est-ce que l’athérosclérose ?

Il s’agit de la perte d’élasticité des artères due à la sclérose, elle-même provoquée par l’accumulation de corps gras (essentiellement le mauvais cholestérol dit LDL) au niveau de la tunique interne (intima) des artères. Ce dépôt constitue alors l’athérome qui pourra aller de la simple plaque rétrécissant la lumière artérielle (sténose) jusqu’à l’oblitération du vaisseau (thrombose).

Il convient en premier lieu de connaître la structure d’une artère. Celle-ci est composée de trois tuniques : l’interne ou intima est directement en contact avec le sang, la média ou tunique musculaire est composée de fibres musculaires lisses qui permettent l’élasticité du vaisseau  et enfin, l’adventice ou tunique externe composée de tissu conjonctif.

Toutes les artères du corps peuvent être atteintes par l’athérome mais surtout les artères de gros et de moyen calibre : l’aorte et les artères des membres, les carotides, les artères rénales, les artères coronaires, les artères digestives.

L’athérome va progressivement infiltrer l’intima puis la média avec un processus de calcification par dépôt de carbonate de calcium et de cristaux de cholestérol LDL.

Ce processus par épaississement et envahissement de la lumière artérielle est susceptible d’entrainer une oblitération progressive de l’artère avec pour conséquence la privation de sang oxygéné pour l’organe irrigué par cette artère.

La séquence pathologique est la suivante : la plaque demeure d’abord lisse puis peut s’ulcérer et alors entrainer la migration en aval de débris d’athérome ou l’adhésion de minuscules caillots. A un stade ultérieur, la média envahie se décolle et vient progressivement obstruer la lumière de l’artère. Le déficit circulatoire entraine alors une ischémie dans divers territoires (cerveau, cœur, membres, organes viscéraux). La privation circulatoire entraine un infarctus.

Parfois l’athérome entraine par rupture de la média et nécrose de cette tunique une dilatation progressive de l’artère aboutissant à la constitution d’un anévrisme. La localisation la plus fréquente  des anévrismes est l’aorte abdominale au dessous des artères rénales.

L’athérosclérose est fréquente, pathologie décrite depuis 1904 par Félix Marchand de Leipzig. Elle doit être différenciée de l’artériosclérose qui correspond à peu près au même phénomène de modification des artères sauf que ce sont les artères de petit calibre qui sont touchées et que le vieillissement en est le principal facteur de risque. La conjonction des deux explique le nombre croissant de sujets âgés atteints d’artérite mettant en jeu la vitalité d’un membre.

D’où vient l’athérosclérose et quelles populations sont les plus touchées ?

- La sédentarité et la surcharge pondérale constituent un des principaux facteurs de risque cardio-vasculaire avec l’intoxication tabagique.

- Les facteurs de comorbidité favorisant l’athérosclérose sont : l’hypertension artérielle (HTA), la dyslipidémie avec un taux élevé de LDL cholestérol, le diabète (gras de type 2).

- L’hérédité cardio-vasculaire et le stress sont aussi impliqués dans la survenue de cette pathologie qui touche davantage le sexe masculin et dont la fréquence augmente avec l’âge.

Elle va  toucher la majorité des populations « occidentales » à haut niveau de vie, étant responsable de 40% de la mortalité et au premier rang à ce titre.

Les maladies provoquées par l’athérosclérose vont se différencier essentiellement par l’organe atteint :

-          le cœur

-          le cerveau

-          l’aorte et ses branches principales (à destinée viscérale) pour les reins, le foie et l’intestin

-          et les membres inférieurs

Quels en sont les symptômes ?

Ils vont être différents suivant le territoire artériel atteint, avec une traduction pathologique proportionnelle au degré de rétrécissement induit par l’athérome.

- Au niveau du cœur, une sténose (rétrécissement) d’une artère coronaire pourra entrainer au repos ou  à l’effort une douleur dans la poitrine appelée angor ou angine de poitrine alors que l’obstruction ou occlusion (appelée thrombose) provoquera un syndrome coronarien aigu ou infarctus du myocarde.

- Au niveau du cerveau, une plaque irrégulière ou une sténose serrée d’une artère carotide pourra se manifester par un accident ischémique transitoire, ainsi dénommé car ne durant que de quelques minutes à moins de 1 heure : perte de la vision d’un oeil, déficit moteur ou sensitif d’un membre supérieur ou inférieur, ou d’un hémicorps ; à un stade plus avancé, il pourra se produire un accident vasculaire cérébral, véritable infarctus d’une zone du cerveau, avec ou sans séquelles cliniques majeures.

- Au niveau des membres, la sténose ou l’occlusion artérielle entrainera dans le territoire sous-jacent une ischémie à l’effort du membre supérieur ou inférieur appelée claudication intermittente. Au repos il n’y a pas de douleur. Le développement de la circulation de suppléance dite collatérale joue un rôle important et peut retarder l’apparition des symptômes. Son absence ou la topographie distale de l’athérome peut entrainer des douleurs même au repos rendant l’ischémie plus grave et dénommée critique. Dans certains cas l’ischémie peut être aigue nécessitant une prise en charge en urgence.

Au stade ultime, la survenue de nécrose localisée des orteils ou du pied témoigne d’une occlusion distale des artères très périphériques pouvant aboutir à une gangrène mettant en jeu la vitalité du membre avec le risque d’amputation. C’est l’ultime stade de l’artérite.

Quels sont les risques de ces maladies ?

L’athérome est la cause dominante de la majorité des affections cardiovasculaires qui mettent en jeu non seulement la vie proprement dite puisque l’athérosclérose est responsable de 40% de la mortalité dans les pays développés mais aussi la qualité de vie compte tenu du retentissement fonctionnel sur les organes pouvant être atteints :

- L’insuffisance cardiaque d’origine ischémique par atteinte des artères coronaires qui altère considérablement la qualité de vie rendant quasiment impossible tout effort.

- L’insuffisance circulatoire cérébrale par accident vasculaire unique ou multiple avec les séquelles hémiplégiques, de trouble du langage ou de démence.

- L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs ou artérite dont l’évolution négligée peut aboutir à l’amputation d’un ou des deux membres, au dessous ou au dessus du genou avec ses terribles conséquences d’impotence.

- L’insuffisance rénale par atteinte des artères rénales pouvant aboutir à la nécessité de l’hémodialyse (rein artificiel).

- L’insuffisance circulatoire intestinale par atteinte des artères digestives avec le risque     très grave d’infarctus mésentérique.

Quels sont les principaux examens à mettre en œuvre pour diagnostiquer l’athérosclérose ?

Toute gêne fonctionnelle impose un examen clinique soigneux et un interrogatoire précis: l’artérite des membres inférieurs débute par l’apparition d’une crampe musculaire à l’effort, puis survient une douleur bloquant la marche appelée claudication intermittente. Au stade suivant les douleurs apparaissent en position couchée obligeant à mettre la jambe en dehors du lit puis les douleurs deviennent permanentes et empêchent le sommeil. Au stade ultime apparaissent des lésions des orteils ou du pied appelés troubles trophiques dont l’évolution va de la simple nécrose superficielle à la gangrène. L’ examen clinique par le médecin traitant qui recherchera par la palpation la présence des pouls périphériques, par l’auscultation la présence d’un souffle anormal témoignant d’une sténose sur un vaisseau artériel, par la prise de la tension artérielle une élévation anormale de la pression.

- Un examen biologique annuel paraît indiqué en cas d’excès de poids (recherche d’un diabète) et d’une hérédité cardio-vasculaire : dosage des lipides (LDL cholestérol, triglycérides) et de l’acide urique.

- Un écho-doppler de l’aorte, des artères périphériques et des artères à destinée cérébrale (carotides) dès qu’un patient présente soit des symptômes classiques d’artérite des membres inférieurs, ou bien un accident ischémique transitoire et de façon plus systématique chez les patients de plus de 40 ans présentant au moins 3 facteurs de risque cardio-vasculaires (hypertension, tabagisme, dyslipidémie, excès de poids, diabète, sédentarité, stress, hérédité).

- Un avis cardiologique spécialisé est indispensable avec des examens adaptés chez tous les patients ayant une athérosclérose et à fortiori avant une intervention chirurgicale.

- Une consultation spécialisée auprès d’un chirurgien vasculaire si une lésion d’athérome a été mise en évidence ; en fonction du type de lésion, de sa topographie et de son retentissement clinique, le spécialiste demandera des examens qui lui permettront d’adopter une stratégie thérapeutique et d’explorations complémentaires allant de l’artériographie à l’angioscanner ou à l’angioIRM (la tendance actuelle étant de privilégier les examens les moins invasifs ).